F. Télécom: Deux suicides de plus

En quatre jours, deux employés de France Télécom se sont donné
la mort. Ce qui porte à cinq le nombre de suicides de salariés de
l'entreprise depuis le début de l'année. Et continue d'accentuer le
malaise au sein du groupe.

Une nouvelle fois, France Télécom est sous le choc. Un jeune technicien
de 32 ans, qui travaillait dans la société depuis 2006, a été retrouvé
mort jeudi à son domicile de Dijon, a annoncé vendredi un porte-parole
de la société à Paris. Mardi, le corps d'un autre salarié, disparu le 8
février, avait été retrouvé dans une forêt de Normandie. Pour l'heure,
aucun lien n'a été établi entre leurs suicides et leurs vies
professionnelles. "Nous sommes tristes et bouleversés.
Nous n'excluons aucune hypothèse", a résumé le porte-parole.



Mais la succession de suicides au sein de l'entreprise
reste pour le moins inquiétante. D'autant que le syndicat Sud a aussi
fait état de trois autres tentatives de suicide récentes à
Clermont-Ferrand, Albi et Evreux. "Les circonstances de ces drames ne sont pas encore clairement établies
et des enquêtes sont indispensables", écrit l'organisation dans un communiqué.
Elle n'exclut pas un lien avec la "confusion" qui règne, selon elle, dans le groupe.
Sud demande au géant des télécoms des "actes concrets", comme
la reconnaissance des suicides en accidents du travail. Les syndicats
de l'entreprise réclament de manière générale un changement de
stratégie qui passerait par l'arrêt total des fermetures de sites, des
suppressions de postes et des mutations géographiques ou
professionnelles forcées.


Vague de suicides

Et du côté de la direction, la nouvelle est difficile à assumer. En
2008 et 2009, l'entreprise a déjà été touchée par la mort de 32 de ses
employés, alors que les syndicats avancent quant à eux des chiffres
encore plus élevés. Jusqu'au mois de septembre, la direction
s'attachait à dire que le nombre annuel de suicides était en baisse au
sein de l'entreprise, qui compte 102.000 salariés. Mais au fil des
drames, le groupe a été contraint de modifier sa communication.
D'autant que l'expression "mode des suicides", employée en septembre dernier par l'ancien P-DG Didier Lombard
a renforcé un malaise parmi les salariés, déjà très affectés par la
succession de décès. Cette polémique a en tout cas favorisé la
promotion de Stéphane Richard, ancien collaborateur de Christine
Lagarde au ministère de l'Economie, devenu directeur général délégué à
partir du 1er janvier et qui devrait devenir directeur général le 1er
mars.


En septembre, France Télécom avait décidé de mettre en place un moratoire
sur les mutations forcées. Des négociations ont été ouvertes avec les
syndicats pour la mise en œuvre d'un accord interprofessionnel de 2008
sur le stress au travail. Stéphane Richard devait justement présenter
prochainement le nouveau plan d'objectifs de l'entreprise pour les
trois prochaines années, baptisé "Grand Projet". Mais avant de fixer
une date, Didier Lombard a récemment prévenu: "Il nous faut sortir par le haut de cette crise".
Hors celle-ci semble loin d'être terminée.