Les infirmières sont incitées à travailler au-delà de 55 ans
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Les infirmières sont incitées à travailler au-delà de 55 ans
L'espoir est déçu.
Alors que, depuis des années, les infirmières réclamaient une
revalorisation de leur statut, le gouvernement leur a annoncé, en
décembre 2009, la reconnaissance de leur niveau bac + 3, et leur
intégration dans la catégorie A de la fonction publique hospitalière.
Si elles pourront progressivement gagner plus d'ici à 2015, il leur faudra
en revanche renoncer à leur droit à la retraite à 55 ans, octroyé au
titre de la pénibilité. Les infirmières devront choisir
individuellement entre catégorie B ou A. Les syndicats, qui examinent
le projet d'accord et devraient être prochainement reçus par le
ministère de la santé, dénoncent "un chantage" et la faiblesse des augmentations.
L'idée est de rendre la profession plus attractive, et d'inciter les
plus âgées à poursuivre leur activité alors que la moitié des
infirmières devraient partir à la retraite d'ici à 2015, ce qui posera
des problèmes d'effectifs. Mais il n'est pas dit qu'elles changeront en
bloc de catégorie. Les conditions de travail, jugées de plus en plus
épuisantes, les font hésiter.
Régine Wagner, 49 ans, travaille aux urgences dans un hôpital du sud de la France. Selon ses calculs, si elle passe en catégorie A, elle pourrait gagner 23 euros de plus par
mois dès décembre (et 90 en 2015), contre 4 euros si elle reste en
catégorie B. "C'est un dilemme, car les conditions de travail sont
devenues monstrueuses. Le problème, c'est que je ne suis pas sûre qu'à
60 ans je pourrai tenir le rythme", confie-t-elle. Elle devrait peut-être alors chercher un autre poste, sans garantie, car "les postes allégés, il y en a de moins en moins".
Alain Morcq, 53 ans, ne semble pas hostile à changer de catégorie, mais n'a pas encore pris sa décision. "Certes,
une revalorisation salariale peut être attractive, mais ce qui compte
le plus, c'est l'amélioration des conditions de travail", estime ce Marseillais. Sa femme aussi est infirmière. "Si l'un de nous deux doit opter pour la catégorie A, ce sera moi", parce qu'après avoir été "lessivé" par dix-huit ans de travail en réanimation, il est désormais dans un service plus tranquille. Pas son épouse.
Véronique Vonin, 50 ans, dont vingt passés la nuit aux urgences, à Montbéliard (Doubs), est déçue. "Nous offrir des miettes, c'est se moquer de nous et cela ne suffira pas à rendre le métier attractif", dit-elle, s'alarmant de voir un "système de santé qui se dégrade" et des départs "pour le privé, l'intérim, l'exercice libéral ou la Suisse voisine". Elle attend la fin des négociations pour trancher. "A priori, je n'aurai rien à gagner en catégorie A. Je veux partir le plus vite possible, c'est-à-dire quand j'aurais mes annuités, soit à 56 ou
57 ans.
"Laurence Pracht, 37 ans, également infirmière à Montbéliard, estime que "cette reconnaissance du niveau bac + 3 est une injustice qu'il fallait réparer". Elle gagne 1 677 euros brut, hors primes. "Si c'est pour gagner quelques euros supplémentaires, je ne travaillerai pas cinq ans de plus, lâche-t-elle. Mes collègues parties à 55 ans, je ne les aurais pas vues tenir plus longtemps." Selon Laurence, même les jeunes, pour lesquelles la retraite est pourtant une perspective lointaine, se disent sceptiques.
Andrée Breton, 54 ans, ne veut pas partir "tout de suite",
mais cette infirmière en psychiatrie à Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône) n'est pas sûre de vouloir rester jusqu'à 60 ans. Ce
qui fait hésiter celle qui s'est battue avec la Coordination nationale
infirmière pour une reconnaissance de la profession ? La "souffrance au travail", due entre autres à l'agressivité qui sévit dans les hôpitaux. "Nous manquons tellement de personnel que nous n'avons du temps que pour les soins et plus pour les patients."
Laetitia Clavreul
Alors que, depuis des années, les infirmières réclamaient une
revalorisation de leur statut, le gouvernement leur a annoncé, en
décembre 2009, la reconnaissance de leur niveau bac + 3, et leur
intégration dans la catégorie A de la fonction publique hospitalière.
Si elles pourront progressivement gagner plus d'ici à 2015, il leur faudra
en revanche renoncer à leur droit à la retraite à 55 ans, octroyé au
titre de la pénibilité. Les infirmières devront choisir
individuellement entre catégorie B ou A. Les syndicats, qui examinent
le projet d'accord et devraient être prochainement reçus par le
ministère de la santé, dénoncent "un chantage" et la faiblesse des augmentations.
L'idée est de rendre la profession plus attractive, et d'inciter les
plus âgées à poursuivre leur activité alors que la moitié des
infirmières devraient partir à la retraite d'ici à 2015, ce qui posera
des problèmes d'effectifs. Mais il n'est pas dit qu'elles changeront en
bloc de catégorie. Les conditions de travail, jugées de plus en plus
épuisantes, les font hésiter.
Régine Wagner, 49 ans, travaille aux urgences dans un hôpital du sud de la France. Selon ses calculs, si elle passe en catégorie A, elle pourrait gagner 23 euros de plus par
mois dès décembre (et 90 en 2015), contre 4 euros si elle reste en
catégorie B. "C'est un dilemme, car les conditions de travail sont
devenues monstrueuses. Le problème, c'est que je ne suis pas sûre qu'à
60 ans je pourrai tenir le rythme", confie-t-elle. Elle devrait peut-être alors chercher un autre poste, sans garantie, car "les postes allégés, il y en a de moins en moins".
Alain Morcq, 53 ans, ne semble pas hostile à changer de catégorie, mais n'a pas encore pris sa décision. "Certes,
une revalorisation salariale peut être attractive, mais ce qui compte
le plus, c'est l'amélioration des conditions de travail", estime ce Marseillais. Sa femme aussi est infirmière. "Si l'un de nous deux doit opter pour la catégorie A, ce sera moi", parce qu'après avoir été "lessivé" par dix-huit ans de travail en réanimation, il est désormais dans un service plus tranquille. Pas son épouse.
Véronique Vonin, 50 ans, dont vingt passés la nuit aux urgences, à Montbéliard (Doubs), est déçue. "Nous offrir des miettes, c'est se moquer de nous et cela ne suffira pas à rendre le métier attractif", dit-elle, s'alarmant de voir un "système de santé qui se dégrade" et des départs "pour le privé, l'intérim, l'exercice libéral ou la Suisse voisine". Elle attend la fin des négociations pour trancher. "A priori, je n'aurai rien à gagner en catégorie A. Je veux partir le plus vite possible, c'est-à-dire quand j'aurais mes annuités, soit à 56 ou
57 ans.
"Laurence Pracht, 37 ans, également infirmière à Montbéliard, estime que "cette reconnaissance du niveau bac + 3 est une injustice qu'il fallait réparer". Elle gagne 1 677 euros brut, hors primes. "Si c'est pour gagner quelques euros supplémentaires, je ne travaillerai pas cinq ans de plus, lâche-t-elle. Mes collègues parties à 55 ans, je ne les aurais pas vues tenir plus longtemps." Selon Laurence, même les jeunes, pour lesquelles la retraite est pourtant une perspective lointaine, se disent sceptiques.
Andrée Breton, 54 ans, ne veut pas partir "tout de suite",
mais cette infirmière en psychiatrie à Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône) n'est pas sûre de vouloir rester jusqu'à 60 ans. Ce
qui fait hésiter celle qui s'est battue avec la Coordination nationale
infirmière pour une reconnaissance de la profession ? La "souffrance au travail", due entre autres à l'agressivité qui sévit dans les hôpitaux. "Nous manquons tellement de personnel que nous n'avons du temps que pour les soins et plus pour les patients."
Laetitia Clavreul
Le monde,
26.01.10
26.01.10
Invité- Invité
Re: Les infirmières sont incitées à travailler au-delà de 55 ans
La moitié des infirmières partent en retraite en 2015 !!! C'est énorme et il n'augmente pas le quota des écoles ! Allez chercher le problème. Bientôt les soins deviendront du luxe.
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