l'hyperactivité chez l'enfant
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l'hyperactivité chez l'enfant
Valeurs mutualistes 03/04.2005
Reconnaître l’hyperactivité de l’enfant
Katia VILARASAU
« Un enfant hyperactif, nous ne savions pas ce que c'était. Pour moi, il s'agiSsait d'un enfant plus actif que les autres », raconte Éric Page. Son fils Lorris, 13 ans, a été diagnostiqué hyperactif à L'âge de 6 ans. La première alerte a eu lieu à l'école. « Il avait d'énormes difficultés d'adaptation en première section de maternelle. La maîtresse nous a alertés car il lui réclamait beaucoup d'attention. Puis, il a eu très vite des problèmes d'agressivité envers les autres enfants. » Orienté vers un centre médico-psychopédagogique, Lorris passe ensuite un test à l'hôpital, qui ne décèle rien. L'école accepte de le reprendre, mais seulement à mi-temps. « Il a fallu se battre pendant un an pour qu'il puisse de nouveau aller à l'école à temps plein. Imaginez les répercussions sur la vie familiale ! » Via des recherches sur Internet, les parents de Lorris apprennent l'existence d'une maladie semblant correspondre au trouble de leur fils. Lorris subit un nouveau test dans un service spécialisé de l'hôpital Robert-Debré, où il est enfin déclaré hyper­actif avec déficit d'attention.
« Le plus souvent, le diagnostic est fait à l'âge scolaire [6/12 ans]. Mais certains enfants sont repérés dès la maternelle : ce sont les formes les plus sévères », explique Marie-France Le Heuzey (1), pédopsychiatre à l'hôpital Robert-Debré. Trois types de symptômes caractérisent l'hyperactivité. La difficulté à fixer son attention « est ce qui fait la pathologie du trouble, poursuit le Dr Le Heuzey. Mais ce n'est pas ce qui est repéré en premier ». C'est l'hyperactivité - l'enfant est agité, ne reste pas en place - qui indis­pose d'abord parents et professeurs. L'impulsivité - l'enfant coupe la parole des autres et se montre incapable de se contrôler - n'est, pour sa part, pas systématique. Mais comment ne pas confondre un enfant hyperactif avec un enfant simplement turbu­lent ? « Contrairement à un enfant hyperactif un enfant turbulent n'est pas en souffrance, souligne la pédopsychiatre. Il est bien toléré par ses parents, ses copains, sa maîtresse. L'enfant hyperactif lui, est en échec tant dans sa vie amicale que scolaire ou familiale. »
Avant d'établir le diagnostic, les médecins de l'hôpital Robert-Debré interrogent les parents et les enseignants sur les attitudes de l'enfant. Durant une journée, ils lui font passer une batterie de tests avec des psychologues, neuropsychologues, ortho­phonistes... mais aussi rencontrer un instituteur, déjeuner avec d'autres enfants, etc. « Cela permet de voir comment il se comporte. Notre travail est de vérifier que les signes de l'hyperactivité sont réunis, mais aussi qu'il n'y a pas de signes d'autres troubles, comme une dépression ou une anxiété qui entraî­nent eux aussi des troubles de l'attention. »
Poser le diagnostic, informer l'enfant et les parents, est la première étape du traitement. « Cela fait du bien d'expliquer ce qu'est l'hyperactivité, note le Dr Le Heuzey. Car ces enfants étaient jusqu'alors considé­rés comme caractériels, paresseux, mauvais élèves. Il faut que les parents accompagnent bien leur enfant, qu'ils ne le regardent plus comme “un affreux jojo” mais comme un enfant à aider. » La thérapie compor­tementale permet quant à elle de soulager la souffrance de l'enfant. Elle est parfois associée à une thérapie familiale. Éric Page en souligne les bienfaits : « Il est nécessaire que la famille change de comportement vis-à-vis de l'enfant et apprenne à ne pas tomber dans les engrenages qui vont le conduire à exploser. Nous avons dû apprendre à parler, à négocier, au lieu de réagir violemment au moindre pas de travers. Mais le plus important reste la prise en charge à l'école. Nous avons énormément dialogué avec les maîtresses de notre fils. Elles nous ont beaucoup aidés. » Le Dr Le Heuzey confirme le rôle essentiel de l'école et des enseignants. Placer les enfants au premier rang, ne pas leur donner plusieurs consignes en même temps, organiser le travail en petites séquences... permet de faciliter les choses. « Gardons en mémoire que dans chaque classe se repère un enfant hyperactif, explique aussi Frédéric Kochman (2), pédopsychiatre au centre médico-psychologique pour enfants à Roubaix. L'échec scolaire est la conséquence la plus directe de l'hyperactivité avec déficit de l'attention. De même qu'il serait incongru de se fâcher sur l'enfant myope qui a oublié ses lunettes sous prétexte qu'il a mal recopié les notes au tableau, il est important de ne pas considérer l'enfant hyperactif comme perturbateur, provocateur, mais de deviner, dans certains cas, qu'il est submergé par des parasites sensoriels dont il ne peut faire abstraction, contrairement aux élèves non hyperactifs. »
Dans la prise en charge de l'hyperactivité avec déficit de l'attention, la prescription de méthylphénidate, commercialisé sous le nom de Ritaline, ne constitue qu'un des outils pour aider l'enfant. « Cette molécule est efficace dans 80 % des cas, précise le Dr Le Heuzey. Mais compte tenu de ses effets secondaires (diminution de l'appétit et parfois trouble du sommeil), le traitement n'est prescrit que pour deux ou trois ans et il est suspendu pendant les vacances scolaires. Chaque année, parents et médecins font le point pour savoir s'il est judicieux de poursuivre le traitement ou non. » La France semble pour l'instant préservée des dérapages, fréquents aux États-Unis, de prescription de Ritaline à des enfants simplement turbulents. En revanche, pour le Dr Le Heuzey, de trop nombreux médecins sont encore réticents à diagnostiquer ce trouble, n'y voyant que les effets d'une « mauvaise éducation ». C'est bien pour modifier le regard porté sur l'hyperactivité qu'Éric Page a fait réaliser un documentaire intitulé Des enfants agités (3) : « Un jour, la Conseillère principale d'éducation du collège de Lorris nous a dit : “Ecoutez, je sais ce qu'est l'hyperactivité ; je ne vous demande qu'une chose : dites à Lorris de rester tranquille et tout ira bien...” L'objectif du documentaire est donc de montrer quelle est la vraie difficulté de ces enfants atteints de déficit d'attention, condamnés à devenir des cancres ou des enfants rejetés. Mais aussi le parcours du combattant de parents qui n'imaginaient pas un instant être soumis à ce genre de problème. »
Reconnaître l’hyperactivité de l’enfant
Katia VILARASAU
Les enfants hyperactifs souffrant de troubles de l'attention seraient de plus en plus nombreux. Au vu des répercussions de cette pathologie sur Leur vie et celle de leur entourage, une prise en charge globale et précoce s'impose.
Reconnaître l'hyperactivité de l'enfant
Reconnaître l'hyperactivité de l'enfant
« Un enfant hyperactif, nous ne savions pas ce que c'était. Pour moi, il s'agiSsait d'un enfant plus actif que les autres », raconte Éric Page. Son fils Lorris, 13 ans, a été diagnostiqué hyperactif à L'âge de 6 ans. La première alerte a eu lieu à l'école. « Il avait d'énormes difficultés d'adaptation en première section de maternelle. La maîtresse nous a alertés car il lui réclamait beaucoup d'attention. Puis, il a eu très vite des problèmes d'agressivité envers les autres enfants. » Orienté vers un centre médico-psychopédagogique, Lorris passe ensuite un test à l'hôpital, qui ne décèle rien. L'école accepte de le reprendre, mais seulement à mi-temps. « Il a fallu se battre pendant un an pour qu'il puisse de nouveau aller à l'école à temps plein. Imaginez les répercussions sur la vie familiale ! » Via des recherches sur Internet, les parents de Lorris apprennent l'existence d'une maladie semblant correspondre au trouble de leur fils. Lorris subit un nouveau test dans un service spécialisé de l'hôpital Robert-Debré, où il est enfin déclaré hyper­actif avec déficit d'attention.
« Le plus souvent, le diagnostic est fait à l'âge scolaire [6/12 ans]. Mais certains enfants sont repérés dès la maternelle : ce sont les formes les plus sévères », explique Marie-France Le Heuzey (1), pédopsychiatre à l'hôpital Robert-Debré. Trois types de symptômes caractérisent l'hyperactivité. La difficulté à fixer son attention « est ce qui fait la pathologie du trouble, poursuit le Dr Le Heuzey. Mais ce n'est pas ce qui est repéré en premier ». C'est l'hyperactivité - l'enfant est agité, ne reste pas en place - qui indis­pose d'abord parents et professeurs. L'impulsivité - l'enfant coupe la parole des autres et se montre incapable de se contrôler - n'est, pour sa part, pas systématique. Mais comment ne pas confondre un enfant hyperactif avec un enfant simplement turbu­lent ? « Contrairement à un enfant hyperactif un enfant turbulent n'est pas en souffrance, souligne la pédopsychiatre. Il est bien toléré par ses parents, ses copains, sa maîtresse. L'enfant hyperactif lui, est en échec tant dans sa vie amicale que scolaire ou familiale. »
Avant d'établir le diagnostic, les médecins de l'hôpital Robert-Debré interrogent les parents et les enseignants sur les attitudes de l'enfant. Durant une journée, ils lui font passer une batterie de tests avec des psychologues, neuropsychologues, ortho­phonistes... mais aussi rencontrer un instituteur, déjeuner avec d'autres enfants, etc. « Cela permet de voir comment il se comporte. Notre travail est de vérifier que les signes de l'hyperactivité sont réunis, mais aussi qu'il n'y a pas de signes d'autres troubles, comme une dépression ou une anxiété qui entraî­nent eux aussi des troubles de l'attention. »
Poser le diagnostic, informer l'enfant et les parents, est la première étape du traitement. « Cela fait du bien d'expliquer ce qu'est l'hyperactivité, note le Dr Le Heuzey. Car ces enfants étaient jusqu'alors considé­rés comme caractériels, paresseux, mauvais élèves. Il faut que les parents accompagnent bien leur enfant, qu'ils ne le regardent plus comme “un affreux jojo” mais comme un enfant à aider. » La thérapie compor­tementale permet quant à elle de soulager la souffrance de l'enfant. Elle est parfois associée à une thérapie familiale. Éric Page en souligne les bienfaits : « Il est nécessaire que la famille change de comportement vis-à-vis de l'enfant et apprenne à ne pas tomber dans les engrenages qui vont le conduire à exploser. Nous avons dû apprendre à parler, à négocier, au lieu de réagir violemment au moindre pas de travers. Mais le plus important reste la prise en charge à l'école. Nous avons énormément dialogué avec les maîtresses de notre fils. Elles nous ont beaucoup aidés. » Le Dr Le Heuzey confirme le rôle essentiel de l'école et des enseignants. Placer les enfants au premier rang, ne pas leur donner plusieurs consignes en même temps, organiser le travail en petites séquences... permet de faciliter les choses. « Gardons en mémoire que dans chaque classe se repère un enfant hyperactif, explique aussi Frédéric Kochman (2), pédopsychiatre au centre médico-psychologique pour enfants à Roubaix. L'échec scolaire est la conséquence la plus directe de l'hyperactivité avec déficit de l'attention. De même qu'il serait incongru de se fâcher sur l'enfant myope qui a oublié ses lunettes sous prétexte qu'il a mal recopié les notes au tableau, il est important de ne pas considérer l'enfant hyperactif comme perturbateur, provocateur, mais de deviner, dans certains cas, qu'il est submergé par des parasites sensoriels dont il ne peut faire abstraction, contrairement aux élèves non hyperactifs. »
Dans la prise en charge de l'hyperactivité avec déficit de l'attention, la prescription de méthylphénidate, commercialisé sous le nom de Ritaline, ne constitue qu'un des outils pour aider l'enfant. « Cette molécule est efficace dans 80 % des cas, précise le Dr Le Heuzey. Mais compte tenu de ses effets secondaires (diminution de l'appétit et parfois trouble du sommeil), le traitement n'est prescrit que pour deux ou trois ans et il est suspendu pendant les vacances scolaires. Chaque année, parents et médecins font le point pour savoir s'il est judicieux de poursuivre le traitement ou non. » La France semble pour l'instant préservée des dérapages, fréquents aux États-Unis, de prescription de Ritaline à des enfants simplement turbulents. En revanche, pour le Dr Le Heuzey, de trop nombreux médecins sont encore réticents à diagnostiquer ce trouble, n'y voyant que les effets d'une « mauvaise éducation ». C'est bien pour modifier le regard porté sur l'hyperactivité qu'Éric Page a fait réaliser un documentaire intitulé Des enfants agités (3) : « Un jour, la Conseillère principale d'éducation du collège de Lorris nous a dit : “Ecoutez, je sais ce qu'est l'hyperactivité ; je ne vous demande qu'une chose : dites à Lorris de rester tranquille et tout ira bien...” L'objectif du documentaire est donc de montrer quelle est la vraie difficulté de ces enfants atteints de déficit d'attention, condamnés à devenir des cancres ou des enfants rejetés. Mais aussi le parcours du combattant de parents qui n'imaginaient pas un instant être soumis à ce genre de problème. »
Katia Vilarasau
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