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Squats, zones autonomes: qui sont les nouveaux révolutionnaires ?

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Squats, zones autonomes: qui sont les nouveaux révolutionnaires ? Empty Squats, zones autonomes: qui sont les nouveaux révolutionnaires ?

Message par oumsarah Lun 11 Aoû - 19:52

Un livre collectif raconte les expériences contestataires actuelles, loin des vieux projets révolutionnaires. Passionnant.
Voilà un livre qui ne ressemble à rien de connu. Trois paris s'y superposent. Un pari politique: raconter ce qui bouillonne aux marges de la société française depuis quinze ans, faire entendre ces nouveaux activistes dont on ne connaît que la silhouette entrevue au détour d'un reportage sur Tarnac ou Notre-Dame-des-Landes. Un pari éditorial: c'est un ouvrage hors norme, habité par une puissance vitale qui s'exprime jusque dans la profusion - 700 pages - et un formidable travail graphique.

Un pari littéraire enfin: dès l'incipit, l'écriture installe son étrange mélange de parole militante, de travail théorique et de chant poétique: «De ce début de siècle, nous avons encore le souvenir. De ses révoltes, de ses insoumissions, nous sommes nombreux à ne rien vouloir oublier.»

Donnons tout de suite le dénouement de l'histoire: ce triple pari est réussi, et la lecture du livre, enthousiasmante, vivifiante. A qui adresser les éloges ? C'est là que l'affaire se complique... L'ouvrage est signé Mauvaise Troupe, collectif d'une quinzaine de membres qui a choisi de rester anonyme. On sait qu'ils n'ont pas plus de 30 ans, vivent dans différentes villes de province et ont été initiés à la politique par les manifestations contre le CPE.

Ils ne sont pas en colère, ne cherchent pas à tout casser. Ni militants bornés ni cyniques postmodernes, ils veulent simplement construire des vies qui leur ressemblent. Ils ne se prennent pas pour des messies, mais n'ont pas peur des envolées lyriques. Grands lecteurs de Guattari, Foucault, Benjamin, Char ou Bataille, ils ont composé un livre-mosaïque qui juxtapose plusieurs dizaines d'histoires personnelles ou collectives.

Le premier chapitre s'appelle «Désertions». C'est le geste inaugural, le début de la «vita nova». «Nous partons de là, de ce sentiment de décalage avec le monde.» Un jour, c'est plus fort que tout, il faut s'en aller: voilà ce que racontent successivement un étudiant qui a occupé sa fac, un journaliste qui en a eu marre, une lycéenne idéaliste. Le premier atterrit dans un squat, le deuxième sur le Larzac, la troisième nulle part. Rien n'est jamais enjolivé, les récits sont parsemés d'embûches, de désillusions, de galères, mais le besoin d'une vie vraie l'emporte toujours: «Il n'y a pas de dehors où déserter définitivement. Il y a par contre ce souffle, cet appel d'air.»

Il se passe quelque chose en France depuis l'an 2000. Un peu partout, des individus rompent les amarres et se mettent à l'écart de la norme sociale. Repérant les espaces oubliés par le maillage politico-administratif, ils se fabriquent des îlots épars, flottants, discontinus. Pas de grands soirs ni de programmes définitifs, plutôt des tentatives qui s'efforcent de prendre racine - et tant pis si elles n'y arrivent pas, c'est toujours ça de pris.

«Constellations» traverse ce feuilleté d'expériences: un méga-squatt à Dijon, des free parties dans le Sud, la «zone autonome» de Notre-Dame-des-Landes, le contre-sommet de Gênes, un réseau internet alternatif, l'aide aux sans papiers, un jardin bio... Quel nom donner à cet univers parallèle ? Une contre-société ? La France des marges ? Des utopies interstitielles ? En tout cas, ce monde-là existe et voilà qu'il se fait livre.

Le tour de force de Mauvaise Troupe est d'avoir rassemblé (non sans difficultés: dans ce petit milieu, aussi, on est facilement susceptible) des témoignages, des lettres, des interviews, des dialogues. Tous s'expriment sous des pseudos choisis avec un joli sens de l'absurde: Ronce, Gentiane, Paul Klee, Breughel, Typhon, Perséphone, Passepoil...

C'est ainsi que le lecteur se retrouve à suivre les aventures d'une bande qui a appris à fabriquer du cidre: le ramassage des pommes chez les paysans, le pressage, la fermentation, l'amélioration du produit, l'amour des saisons qui passent, la vente, et bien sûr la réflexion politique qui s'ensuit, car «tout ça alimente ce que tu penses».

Un peu plus loin, nous voilà embarqués dans un groupe de copains qui ont mis en commun tout leur argent. Ca pourrait être cul-cul, c'est passionnant. Et quand un autre collectif d'urbains, dont la vie a bifurqué après la bataille du CPE, relate avec force détails la construction de leurs maisons en paille sur le plateau de Millevaches, on croirait lire une odyssée...

Car chaque fois on sent le besoin irrépressible de vivre autrement. Du chapitre «Fêtes», on retiendra la remarque suivante:

Si la fête a un lien avec la question révolutionnaire, c'est parce que, dans ce temps suspendu qu'elle nous offre, s'ouvrent les portes de l'impensable, du «non encore vécu».

Ouvrir l'impensable, c'est tout le prix de ces récits. Et tant pis pour ceux qui sont déjà en train de ricaner.

Entre les témoignages, le «choeur» prend la parole. C'est la voix du narrateur collectif, cette Mauvaise Troupe qui ne se contente pas de contester, mais entend aussi théoriser. Oui, comme au bon vieux temps de la Révolution.

Sauf que, contrairement à un préjugé tenace, la nouvelle génération n'est nullement nostalgique des avant-gardes d'hier. «Constellations» porte un jugement sans appel contre les vieux projets révolutionnaires ou la «politique émotionnelle» de l'extrême gauche actuelle... Militer le jour et rentrer chez soi le soir, non merci: il est plus important de réapprendre le nom des plantes sur un plateau des Cévennes que de faire étalage de son esprit critique. Quant à la violence, question rituelle, un squatteur de Grenoble répond: «On peut entrer dans une maison en pétant les murs ou en passant par des trous de souris.» Passer par un trou de souris, est-ce du terrorisme ?

On est ici à mille lieues des rebelles de salon, contents d'eux, moralisateurs, qui pullulent aujourd'hui dans la gauche intellectuelle. L'enjeu de «Constellations» est plus humble, et plus sincère: trouver, à sa propre échelle, le geste juste et constructif, celui qui met en cohérence l'individu, son désir et l'endroit où il vit. C'est toute la différence entre vivre ses idées et se faire mousser avec.

Eric Aeschimann

Constellations
Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle
par le collectif Mauvaise Troupe
Editions de l'Eclat, 702 p., 25 euros

Source: "le Nouvel Observateur" du 12 juin 2014.

oumsarah
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