Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
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JLR
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Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
Les « enfants sauvages » font partie de notre mythologie. On les imagine abandonnés au fond d’une
lointaine forêt, ayant réussi à survivre seuls, ou parfois accompagnés de loups ou de singes. Mais les
enfants sauvages existent-ils réellement ? Le plus célèbre d’entre eux fut Victor de l’Aveyron. La
nouvelle de sa capture en 1800 avait mis en émoi toute l’Europe. On en a tiré des histoires, des films et
des essais. Tout laisse à penser aujourd’hui que Victor était un « autiste » comme on dirait aujourd’hui.
Il fut sans doute abandonné par ses parents et a erré quelque temps avant d’être recueilli. Ses signes
de « sauvagerie » (repli sur soi, absence de langage, crises de colère, arriération mentale) indiquent
qu’il n’était nullement un enfant élevé seul dans la nature. Comme l’avait déjà supposé Philippe Pinel,
Victor souffrait d’un grave trouble psychiatrique qui l’avait exclu de la société. Le plus célèbre cas «
d’enfants loups» remonte aux années 1920. Il s’agit de Kamala et Amala, deux petites sœurs trouvées
dans une tanière et recueillies par le révérend Singh. Il a fallu attendre 2007 pour découvrir qu’il
s’agissait en fait d’une énorme supercherie. Aucun des cas probables d’enfants sauvages n’a pu être
confirmé. Il s’agit d’une mythologie moderne que les sciences humaines ont complaisamment admise
parce qu’elle semblait confirmer l’une de ses idées fondatrices : les humains n’ont pas de nature et
seule la culture modèle de leur conduite.
Les enfants-placards
Si les enfants-loups sont des mythes, il existe pourtant de vrais enfants sauvages. Ils vivent seuls,
enfermés dans une pièce par des parents bourreaux : ce sont les « enfants-placards ». Ce fut le cas de
Genie, petite martyre retrouvée à l’âge de treize ans, qui vivait depuis l’âge de deux ans dans une
chambre. Ce fut le cas de ces milliers d’enfants roumains qui ont croupi dans des orphelinats
insalubres, avec pour seul horizon les barreaux de leur lit. Ces enfants souffrent d’un mal que le
psychologue René Spitz avait appelé « l’hospitalisme ».
Privés de contacts, d’échanges, de caresses, de regards, de mots, de sourires, ces enfants subissent de
graves troubles de développement à la fois intellectuel, affectif et physique. Ces enfants martyrs nous
apprennent une chose essentielle sur les humains. Elevé hors de tout échange avec ses semblables,
l’enfant ne révèle pas une « nature humaine » à l’état vierge.
Il subit de graves séquelles qui en font un être mutilé. Il en va de même pour tous les mammifères
sociaux : la chaleur des contacts est une condition essentielle de leur développement. Faut-il en
conclure pour autant que c’est la société – socialisation, éducation, culture – qui « fabrique » l’être
humain ? Ce n’est pas ce que nous enseignent ces autres enfants sauvages que sont les autistes.
Les autistes
Les autistes souffrent de graves déficits dans la communication, le langage et l’adaptation sociale. Ils
vivent repliés sur eux-mêmes, comme enfermés dans leur bulle. Les causes de ce trouble n’ont pas
encore été élucidées. Une chose est certaine : très tôt dans leur développement s’est déréglé un
dispositif neuropsychologique qui affecte profondément la relation à autrui. Pour tenter de soigner
l’autisme, de nombreuses méthodes ont été expérimentées. Certaines reposent sur une stimulation
intensive.
Des équipes se relaient plusieurs par jours, parfois sept jours sur sept pour tenter de les éduquer et les
socialiser. Les défenseurs de ces méthodes –fortement discutées – se prévalent de réels progrès. Mais
une chose est sûre : même ses promoteurs ne prétendent pas guérir les autistes. Les contacts sociaux,
même répétés de façon intensive, ne suffisent pas pour fabriquer « un humain normal » si un dispositif
neurodéveloppemental a été altéré au départ.
Toute l’attention bienveillante des éducateurs et tout l’amour des parents auront le plus grand mal à
tracer leur chemin dans des circuits neurologiques défectueux. Si le cerveau n’est pas équipé
correctement pour capter les informations, les mots, les regards, les caresses qui s’adressent à lui,
même une sollicitation intensive ne parviendra pas à combler totalement ce déficit.
D’un côté, les enfants-placards, qui ne se développent pas en l’absence de contacts sociaux, nous
suggèrent que la société est indispensable pour fabriquer des humains ; de l’autre côté, les enfants
autistes, bien que surstimulés, ne parviennent pas à se développer normalement. La société est donc
une condition nécessaire mais non suffisante pour fabriquer un humain. Il faut aussi que le cerveau
soit capable d’aller puiser dans son environnement les éléments nutritifs dont il a besoin pour
s’épanouir. Tout cela suggère l’existence d’un processus de coproduction entre le cerveau et son
milieu.
Elle pourrait être le produit d’une coévolution comme on en trouve fréquemment dans la nature.
Prenons un exemple simple : celui d’une plante. Tout végétal – une rose, un saule pleureur ou une
fougère – a besoin de lumière pour croître. C’est grâce aux photons de lumière que s’effectue la
photosynthèse qui permet la construction du végétal. Ses feuilles vertes ne sont rien d’autres que des
capteurs de lumière qui se déploient dans l’air à la recherche de photons lumineux. Si la lumière vient
à manquer, alors la plante va dépérir et subir de graves dommages. Ce n’est pas le soleil qui fabrique la
plante, mais il est un ingrédient essentiel à son développement. Il faut également que la graine
fécondée possède en elle un « plan de développement » qui la pousse à aller chercher dans son
environnement les éléments dont elle a besoin pour croître : les racines vont chercher l’eau, les
feuilles la lumière. Le développement du cerveau semble guidé par un processus équivalent. Le
cerveau humain doit déployer ses capteurs pour aller chercher dans l’environnement social les
éléments dont il a besoin pour survivre. Pour cela, le bébé est équipé de tout un arsenal d’émotions
sociales (attachement, empathie) et de modules cognitifs tournés vers la connaissance d’autrui
(reconnaissance des visages, détection des intentions). Toutes ces motivations et aptitudes humaines
ont fait l’objet de très nombreuses études ces dernières années. Si l’environnement vient à manquer,
de graves perturbations se produisent : c’est l’enfant-placard. Inversement, si un dispositif de capture
des informations sociales est défaillant, la socialisation ne peut se faire. C’est l’enfant autiste. Le
cerveau et son milieu interagissent dans un processus de construction réciproque. Voilà la leçon des
enfants sauvages.
QUESTIONS
Respect des consignes, orthographe, présentation : (5 points)
Question n°1
Résumez le texte en une dizaine de lignes. (5 points)
Question n°2
Selon vous, la « stimulation intensive » des enfants autistes est-elle une bonne méthode ? (5 points)
lointaine forêt, ayant réussi à survivre seuls, ou parfois accompagnés de loups ou de singes. Mais les
enfants sauvages existent-ils réellement ? Le plus célèbre d’entre eux fut Victor de l’Aveyron. La
nouvelle de sa capture en 1800 avait mis en émoi toute l’Europe. On en a tiré des histoires, des films et
des essais. Tout laisse à penser aujourd’hui que Victor était un « autiste » comme on dirait aujourd’hui.
Il fut sans doute abandonné par ses parents et a erré quelque temps avant d’être recueilli. Ses signes
de « sauvagerie » (repli sur soi, absence de langage, crises de colère, arriération mentale) indiquent
qu’il n’était nullement un enfant élevé seul dans la nature. Comme l’avait déjà supposé Philippe Pinel,
Victor souffrait d’un grave trouble psychiatrique qui l’avait exclu de la société. Le plus célèbre cas «
d’enfants loups» remonte aux années 1920. Il s’agit de Kamala et Amala, deux petites sœurs trouvées
dans une tanière et recueillies par le révérend Singh. Il a fallu attendre 2007 pour découvrir qu’il
s’agissait en fait d’une énorme supercherie. Aucun des cas probables d’enfants sauvages n’a pu être
confirmé. Il s’agit d’une mythologie moderne que les sciences humaines ont complaisamment admise
parce qu’elle semblait confirmer l’une de ses idées fondatrices : les humains n’ont pas de nature et
seule la culture modèle de leur conduite.
Les enfants-placards
Si les enfants-loups sont des mythes, il existe pourtant de vrais enfants sauvages. Ils vivent seuls,
enfermés dans une pièce par des parents bourreaux : ce sont les « enfants-placards ». Ce fut le cas de
Genie, petite martyre retrouvée à l’âge de treize ans, qui vivait depuis l’âge de deux ans dans une
chambre. Ce fut le cas de ces milliers d’enfants roumains qui ont croupi dans des orphelinats
insalubres, avec pour seul horizon les barreaux de leur lit. Ces enfants souffrent d’un mal que le
psychologue René Spitz avait appelé « l’hospitalisme ».
Privés de contacts, d’échanges, de caresses, de regards, de mots, de sourires, ces enfants subissent de
graves troubles de développement à la fois intellectuel, affectif et physique. Ces enfants martyrs nous
apprennent une chose essentielle sur les humains. Elevé hors de tout échange avec ses semblables,
l’enfant ne révèle pas une « nature humaine » à l’état vierge.
Il subit de graves séquelles qui en font un être mutilé. Il en va de même pour tous les mammifères
sociaux : la chaleur des contacts est une condition essentielle de leur développement. Faut-il en
conclure pour autant que c’est la société – socialisation, éducation, culture – qui « fabrique » l’être
humain ? Ce n’est pas ce que nous enseignent ces autres enfants sauvages que sont les autistes.
Les autistes
Les autistes souffrent de graves déficits dans la communication, le langage et l’adaptation sociale. Ils
vivent repliés sur eux-mêmes, comme enfermés dans leur bulle. Les causes de ce trouble n’ont pas
encore été élucidées. Une chose est certaine : très tôt dans leur développement s’est déréglé un
dispositif neuropsychologique qui affecte profondément la relation à autrui. Pour tenter de soigner
l’autisme, de nombreuses méthodes ont été expérimentées. Certaines reposent sur une stimulation
intensive.
Des équipes se relaient plusieurs par jours, parfois sept jours sur sept pour tenter de les éduquer et les
socialiser. Les défenseurs de ces méthodes –fortement discutées – se prévalent de réels progrès. Mais
une chose est sûre : même ses promoteurs ne prétendent pas guérir les autistes. Les contacts sociaux,
même répétés de façon intensive, ne suffisent pas pour fabriquer « un humain normal » si un dispositif
neurodéveloppemental a été altéré au départ.
Toute l’attention bienveillante des éducateurs et tout l’amour des parents auront le plus grand mal à
tracer leur chemin dans des circuits neurologiques défectueux. Si le cerveau n’est pas équipé
correctement pour capter les informations, les mots, les regards, les caresses qui s’adressent à lui,
même une sollicitation intensive ne parviendra pas à combler totalement ce déficit.
D’un côté, les enfants-placards, qui ne se développent pas en l’absence de contacts sociaux, nous
suggèrent que la société est indispensable pour fabriquer des humains ; de l’autre côté, les enfants
autistes, bien que surstimulés, ne parviennent pas à se développer normalement. La société est donc
une condition nécessaire mais non suffisante pour fabriquer un humain. Il faut aussi que le cerveau
soit capable d’aller puiser dans son environnement les éléments nutritifs dont il a besoin pour
s’épanouir. Tout cela suggère l’existence d’un processus de coproduction entre le cerveau et son
milieu.
Elle pourrait être le produit d’une coévolution comme on en trouve fréquemment dans la nature.
Prenons un exemple simple : celui d’une plante. Tout végétal – une rose, un saule pleureur ou une
fougère – a besoin de lumière pour croître. C’est grâce aux photons de lumière que s’effectue la
photosynthèse qui permet la construction du végétal. Ses feuilles vertes ne sont rien d’autres que des
capteurs de lumière qui se déploient dans l’air à la recherche de photons lumineux. Si la lumière vient
à manquer, alors la plante va dépérir et subir de graves dommages. Ce n’est pas le soleil qui fabrique la
plante, mais il est un ingrédient essentiel à son développement. Il faut également que la graine
fécondée possède en elle un « plan de développement » qui la pousse à aller chercher dans son
environnement les éléments dont elle a besoin pour croître : les racines vont chercher l’eau, les
feuilles la lumière. Le développement du cerveau semble guidé par un processus équivalent. Le
cerveau humain doit déployer ses capteurs pour aller chercher dans l’environnement social les
éléments dont il a besoin pour survivre. Pour cela, le bébé est équipé de tout un arsenal d’émotions
sociales (attachement, empathie) et de modules cognitifs tournés vers la connaissance d’autrui
(reconnaissance des visages, détection des intentions). Toutes ces motivations et aptitudes humaines
ont fait l’objet de très nombreuses études ces dernières années. Si l’environnement vient à manquer,
de graves perturbations se produisent : c’est l’enfant-placard. Inversement, si un dispositif de capture
des informations sociales est défaillant, la socialisation ne peut se faire. C’est l’enfant autiste. Le
cerveau et son milieu interagissent dans un processus de construction réciproque. Voilà la leçon des
enfants sauvages.
QUESTIONS
Respect des consignes, orthographe, présentation : (5 points)
Question n°1
Résumez le texte en une dizaine de lignes. (5 points)
Question n°2
Selon vous, la « stimulation intensive » des enfants autistes est-elle une bonne méthode ? (5 points)
JLR- Admin
- Messages : 828
Date d'inscription : 25/07/2012
Re: Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
Réponses :
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QUESTION 1
Les enfants sauvages, dont le plus célèbre est Victor de l’Aveyron, qui auraient vécu en dehors de la
société, au milieu des animaux, n’ont sans doute jamais existé. Tout laisse à penser que Victor était
un enfant autiste abandonné. Ce mythe a pourtant posé la théorie selon laquelle l’homme n’est pas
un être de nature. Pourtant les vrais enfants sauvages existent bel et bien. On les appelle « les
enfants-placards » car ils sont abandonnés par les parents, enfermés et torturés. Des milliers de cas
ont été recensés en Roumanie. Tous ces enfants, parce que élevés en dehors de tout lien social,
n’avaient aucune sociabilité. Peut-on pour autant dire que c’est la société qui fait l’humain ? La
réponse est non si on observe les enfants autistes qui, comme les enfants-placards, vivent enfermés
sur eux-mêmes. Malgré une prise en charge médicale, parentale et neurologique, il est presque
impossible de les soigner.
QUESTION 2
Pour beaucoup, l’autisme est une maladie incurable. Les enfants autistes sont marqués à vie surtout
au niveau neurologique. En l’absence de tout traitement médicamenteux, on peut donc accepter
cette méthode. En quelque sorte, la stimulation intensive sert à mettre tout en œuvre pour que
l’enfant autiste ne s’enferme pas sur lui-même. On essaie de l’intéresser à la vie sociale, de le rendre
social. Les autistes sont des êtres sociaux à part. Ils manquent de tout ce que fait le lien social : pas
de communication, pas de langage ou très peu et beaucoup de difficulté à s’adapter à la société.
Pour beaucoup cependant, il est possible de vaincre la maladie par des méthodes de prise en charge
comme la stimulation intensive. Cela peut être une façon d’aider les parents à mieux s’occuper de
leur enfant. Toutefois, la méthode de la stimulation intensive peut déboucher sur des dérives. Des
mises en garde sont souvent lancées sur ce sujet. Il faut absolument éviter de faire passer les enfants
autistes comme des êtres ratés avec un seul trouble d’ordre psychologique. On ne doit pas nier la
maladie. On ne doit pas non plus prendre les enfants autistes pour des êtres de laboratoire ou des
cobayes. La stimulation intensive reste une pratique que l’on peut tolérer mais il faut tout mettre en
œuvre pour éviter les excès et les dérives. Les enfants autistes ont davantage besoin d’être aimés,
comme tous les autres enfants, et bien entourés par leurs proches.
JLR- Admin
- Messages : 828
Date d'inscription : 25/07/2012
Re: Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
Ça me fait penser à un cours de philo au bac on avait eu ce sujet hihii
falling-star68- Skwatteur en chef
- Messages : 813
Date d'inscription : 07/02/2012
Age : 32
Localisation : Alsace
Re: Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
merci pour ces réponses construites
Mielliki- Visiteur
- Messages : 12
Date d'inscription : 20/01/2014
Re: Sujet de culture générale : Les enfants sauvages
merci encore pour ce sujet si interresassant
HAAS hEIDI- Crevette
- Messages : 3
Date d'inscription : 03/02/2015
julietrdv- Visiteur
- Messages : 11
Date d'inscription : 10/03/2015
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